vendredi 1 février 2008

Il est...

Il est 18h45, rendez vous est pris, comme tous les samedis soirs. Apéro puis repas avec les potes. Ce soir on a décidé de sortir, on tire à la courte paille le capitaine de soirée. Putain ca tombe sur moi, « C’est celui qui conduit qui bois pas », me lance les autres d’un air moqueur. Tant pis…
Il est plus tard, la soirée est lancé, j’essai de me noyer dans mon coca. Ca rigole, la température monte, l’alcool fait son travail. Le temps passe et je me sens de plus en plus à côté du délire des autres, je ne rigole pas, je ne suis pas dedans. Putain de truc de capitaine de soirée…
Il est 23h30, tout le monde décolle, direction la discothèque. Il est minuit quand on arrive sur le parking, déjà aussi blindé que mes camarades. La soirée bat son plein, et une bouteille arrive a la table. Je me dis ; « je bois deux verres, c’est le début, après je vais danser et éliminer ça »… Cinq heures plus tard, je regarde tant bien que mal le fond de ma bouteille vide, et je cris fièrement « Je lui ai cassé la gueule à celle là ». Tout le monde se marre. Tout le monde a oublié que j’étais le capitaine de soirée…
J’ouvre comme je peux ma portière, j’embarque une copine en piteux état.
Il est six du matin à 130 km heure quand on arrive dans un bled paumé, tous les volets sont clos, tout le village dort à point fermé… Enfin, ça c’est ce que je croyais…
Il est, je sais pas, je sais plus. J’ai mal au crâne. J’ai du mal à émerger. Rien autour de moi ne m’est familier. Des fils, des machines, des tubes, des aiguilles et une baie vitrée, derrière laquelle passent des gens. Quelqu’un entre, et me lance : « ca y’est il est réveillé » puis repars. Je suis pas bien, tout est blanc, un truc obstrue ma bouche, je commence à paniquer, je voudrais bouger mais je n’y arrive pas, je veux hurler, mais je n’y arrive pas. J’ai mal au crâne, tout ce blanc m’angoisse. Une autre personne entre, vérifie des tas de choses, me fou des lumières dans les yeux. Apparemment j’ai un nom, un prénom, mais je sais pas. Je sais plus. On me dit qu’une machine me fait respirer, que j’ai subit des opérations. Je sais pas de quoi on me parle, je comprends pas, je gémis, on me pique, je m’endors.
Il est un mois plus tard. Aujourd’hui je sais, aujourd’hui je me rappel.
Il est six heures du matin à 130 km heure quand on arrive dans un bled paumé, tous les volets sont clos, tout le village dort à point fermé…Enfin, ça, c’est ce que je croyais… jusqu’à ce que je voie cet homme sur son vélo. Tout est allé très vite, mauvais réflex. Un choc sur mon par brise, des éclats partout. Ma voisine sur le capot. Le trou noir.
Il est quatre semaines plus tard quand je me réveille. Il est dix huit opérations plus tard, quand j’ouvre un œil. Il est deux semaines après quand on m’assoie sur un fauteuil roulant. Mais jambes sont restées coincées sous le volant, écrasées par le tableau de bord.
Il est 15h30 quand j’entre au tribunal. On me dit que je vais payer toute ma vie. Ma vie s’est arrêter a six heures du matin à 130 km dans un bled paumé…

C.P

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello Supi :D

Je ne connaissais pas ton histoire, mais je me doutais qu'il y en avait une qui te faisait du mal... Tu l'as exposée, je l'ai lue, si t'as besoin de moi n'hésites pas, et continues à nous faire de belles photos ;)

Xaaaaav

Supi a dit…

mdr, tu es trés gentil, mais c'est pas du tout mon histoire... mais malheureusement l'histoire de plein d'autres... En tout cas merci beaucoup ;)

Batist a dit…

C'est prenant, il ne te reste plus qu'à corriger les fautes d'orthographe pour commencer un recueil!

Anonyme a dit…

on m'aurait menti ???? à l'insu de mon plein grès ??? mdrrrrr

Anonyme a dit…

hello Supi!

ça me soulage à quelque part que ce ne soit pas ton histoire...même si elle me bouleverse profondément de toutes façons!

C'est vraiment bien écrit...on dirait du vécu...

Je suis certaine que, comme moi, ceux qui te liront seront très touchés et que ça leur restera à l'esprit.

Bravo, c'est une belle initiative qui sauvera peut-être des vies!

amicalement

lili

Anonyme a dit…

C`est tellement vrai, tellement réaliste.
J´ai pas mal de mes potes qui sont restés sur le coté de la route, tres peu sont morts mais beaucoup le regrette toujours.

Ici nous n´avons pas le choix, personne n´oserait prendre un verre et conduire (prison ferme), au début je trouvais ca bizarre maintenant c est lors de mes voyages en France que je trouve bizarre de voir mes poste s´envoyer une bouteille de pinard puis ensuite reprendre le volant.

´fin, en tout cas j´attendais avec impatience de lire tes "écrits" je ne suis pas décu.


Foxy

Batist a dit…

quand est-ce que tu nous remet des photos? ou bien des textes?

Supi a dit…

ca viens :D